Que
serait la femme sans amour ? Rien, suggèrent d’innombrables citations à ce
sujet qui fleurissent sur le net. Le même constat s’impose à la lecture de la
Bible et des ouvrages (pseudo)psychologiques explorant la dichotomie de Mars et
de Venus. Ce conditionnement est loin d’être anodin. Car l’amour est
constamment mis à l’honneur dans les romans, les films, les médias… Il est
inculqué aux fillettes dès leur plus jeune âge en tant que la justification
suprême d’une vie présentée comme une perpétuelle offrande. Grand principe sacrificiel,
assimilé à une impérieuse loi de la nature et considéré bien souvent comme une
alternative aux comportements masculins basés sur l’agression, il devient ainsi
une forme d’aliénation, une sorte de « burqa transparente », selon
une expression de Belinda Cannone.
Là
où par définition elle est censée incarner la douceur, la maternité ou la
séduction, une femme qui décide d’en finir avec cette surenchère affective doit
se montrer suffisamment forte pour résister au discours culpabilisant. Sous cet
angle, loin d’être une simple stratégie de communication, le
« sextrémisme » proclamé par les Femen semble lié à l’envie de
transcender la condition féminine. Le discours de haine, accompagné par la
rhétorique militaire et les postures guerrières, la provocation et le jeu avec
des stéréotypes, cassant une image traditionnelle des « filles de
l’Est », apparaissent comme des réactions vives mais sans doute
authentiques aux contraintes en vigueur.
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