lundi 29 mai 2017

Les repoussoirs: la "dame de fer"




La locution est souvent utilisée dans les discours médiatiques, particulièrement pour décrire certaines femmes politiques, dont le style se rapproche de celui de l’ancienne Première ministre de la Grande-Bretagne de 1979 à 1990, Margaret Thatcher, surnommée « The Iron Lady » par un journaliste soviétique. C’est également le titre du film biographique de Phyllida Lloyd consacré à Margaret Thatcher, qui la présente en utilisant des traits fortement masculins, tels que force, rigueur, dureté, fermeté et ambition. Ce surnom fut également appliqué, pour des raisons similaires, à d’autres femmes politiques, telles que l’Israélienne Golda Meir, la Lituanienne Dalia Grybauskaitė, la Libérienne Ellen Johnson Sirleaf  ou l’Algérienne Nouria Benghabrit-Remaoun.  

 

Comme Catherine Lemarier-Saulnier et Mireille Lalancette le soulignent dans leur article consacré aux représentations médiatiques des politiciennes canadiennes[1], les femmes de ce type sont le plus souvent décrites sous des traits masculins ; elles sont associées aux enjeux économiques, et peu d’éléments les rattachent à la scène privée, à l’amitié et les relations. Le vocabulaire militaire, se référant à la victoire et à la force, est aussi privilégié pour les décrire.

 

Plus précisément, dans ce portrait, les politiciennes sont explicitement associées à des caractéristiques axées sur la tâche. Il est souvent question également de la dureté de ces femmes par la mise en relief de l’importance d’atteindre leurs objectifs. Ces notions attachées au vocabulaire de la lutte, aux termes comme « instinct de tueur » ou « main de fer » mettant habituellement en scène les traits considérés comme masculins, illustrent les tentatives de « dissocier » ces personnalités du sexe féminin.

 

En parallèle, ces politiciennes sont perçues comme étant peu portées sur le développement ou la préservation des liens avec autrui. Elles sont plus ou moins exclues du domaine des émotions, généralement rattaché aux femmes et à la scène privée. Cela explique peut-être pourquoi ces femmes qui correspondent le plus aux représentations des leaders masculins réussissent à s’imposer dans le milieu politique. Mais en même temps, elles sont plus contestées et divisent la société plus profondément que leurs homologues masculins ou bien les politiciennes qui incarnent des types moins controversés, tels que « les stars » ou « les bonnes mères ».

 



[1] « La Dame de fer, la Bonne Mère et les autres : une analyse du cadrage de la couverture médiatique de certaines politiciennes québécoises et canadiennes »,  Canadian Journal of Communication,  Vol. 37, N°3 (2012), p. 459-486.
 

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