mardi 14 février 2017

Quelques pistes pour les "anti"




Bonne nouvelle pour les détracteurs de la Saint-Valentin et de sa célébration outrancière : les bons plans « anti » n’ont jamais été aussi nombreux. Entre les soirées anti Saint-Valentin  (et anti clichés), les ateliers anti Saint-Valentin (mais pas anti amour), les cartes anti Saint-Valentin (ayant fait le sujet d’un dessin animé sur Gulli) et enfin les cadeaux anti Saint-Valentin (si, si, ça existe !), les farouches opposants devraient trouver un moyen de fuir les bouquets de roses, les chandelles et les cocktails aphrodisiaques.

 

Il faut dire que déjà en 2008 Lionel Schwenke a eu la bonne idée de s’en prendre aux gros cœurs et aux petits anges tout au long de son livre paru aux éditions ADCAN : un recueil de témoignages, de sondages et de statistiques de 587 pages dénonçant « la plus grosse escroquerie commerciale que l'Homme connaisse ». Voici une des raisons les plus citées par les « anti » mais qui est loin d’être la seule. En effet, le web regorge de véritables argumentaires anti Saint-Valentin qui en une seule phrase se résument à peu près ainsi :

 

« Il s’agit d’une fête ruineuse, consumériste, conformiste, discriminatoire et pas très écologique célébrant des choses plus qu’éphémères et portant le nom d’un saint qui a fini décapité un 14 février ». Il faut être un romantique déconnecté ou un requin sans scrupules pour résister à cette batterie, et pour ceux-là il existe une arme ultime. Je pense à une citation ou une caricature « anti » qui peut s’avérer très efficace, à condition d’être drôle, bien sûr. Celle de Sacha Guitry pourrait être mise en exergues de cette soirée si controversée : «Ma femme et moi avons été heureux vingt-cinq ans, et puis nous nous sommes rencontrés».

 

 

dimanche 5 février 2017

"Les Nouveaux Dissidents"


 
 
Le 31 janvier, la Mairie du IVe arrondissement de Paris a accueilli de nombreux invités pour la soirée de lancement de l’association  « Les Nouveaux Dissidents ». Parrainée notamment par Liudmila Oulitskaïa, Moustafa Djemilev et Edgar Morin, elle avait été créée à l’initiative du philosophe Michel Eltchaninoff, auteur du livre du même nom publié l'an dernier aux éditions Stock.

 

Il s’agit d’une démarche d’abord éthique, qui n’a pas d’ambition politique : le but des « Nouveaux Dissidents » n’est pas de concurrencer les grandes associations existantes, mais plutôt de les soutenir en aidant ceux qui luttent pour le respect des droits de l’homme à travers le monde. Elle tâchera d’informer régulièrement le public sur ces hommes et femmes qui agissent de manière éthique, individuelle, non violente et à visage découvert, non seulement dans les dictatures et sous les régimes autoritaires,  mais aussi dans les pays démocratiques.

 

 
L’association vise à créer un espace d’expression et de dialogue entre ces dissidents qui pourront échanger leurs expériences et expliquer ce qui se passe dans leur pays. Ils auront à leur disposition un site internet où ils pourront publier leurs manifestes, leurs photos, leurs vidéos et leurs témoignages. Le site de l’association a également établi une cartographie de la dissidence à travers le monde complétée par les informations sur les régimes politiques des pays concernés.



En effet, l’histoire et la géographie de la dissidence méritent sans doute d’être davantage connues. Qui se souvient aujourd'hui de l'affaire de Victor Kravtchenko, ce dissident avant la lettre et auteur de l'ouvrage J'ai choisi la liberté (1947), dont le procès avait fait l'objet d'un livre de Nina Berberova? Journaliste à l'hebdomadaire La Pensée russe assistant aux audiences sur les bancs de la presse, elle était parmi les premiers à alerter la communauté internationale sur ce phénomène.



Quat au terme "dissident", né en URSS à l'époque brejnévienne, il est tombé en désuétude après la chute du mur de Berlin. Pourtant, depuis les années 1990, le monde voit apparaître de  nouveaux dissidents qui adoptent des modes d’action similaires. Parmi eux, Michel Eltchaninoff cite des « lanceurs d’alerte » dénonçant des abus de pouvoir ou des opacités.

 
Piotr Pavlenski, invité d'honneur de la soirée

Ainsi, une continuité peut être établie entre la poétesse Natalia Gorbanevskaïa protestant sur la Place rouge, en Août 1968, contre l’invasion de la Tchécoslovaquie avec la pancarte « Pour votre liberté et pour la nôtre », et Piotr Pavlenski, activiste russe poursuivi actuellement pour une affaire de mœurs dans son pays et ayant trouvé refuge en France. Invité d’honneur de cette soirée, il a cité une longue liste d’auteurs et d’artistes ayant été persécutés en Russie ou qui le sont toujours. D’après Pavlenski, toute activité créatrice est considérée comme politique en Russie et devient, de ce fait, une source de problèmes.

 


Aujourd’hui, aucun pays n’est plus à l’abri de ce phénomène, comme l’explique le fondateur de l’association : « Il y a quelques années et même seulement quelques mois, la notion de dissidence pouvait sembler exotique. On se disait : ‘la dissidence, c’est ailleurs’. Depuis la prise de fonction de Donald Trump, dans la presse américaine on peut lire des articles qui se demandent si des Etats ou des citoyens vont ‘entrer en dissidence’. Aujourd’hui, on voit bien qu’il faut se demander si les prochaines dissidences n’apparaîtront pas aux Etats-Unis et en Europe. Je pense d’ailleurs qu’on peut déjà en trouver ».