dimanche 11 décembre 2016

Un conte à rebours


 
 
Parmi les calendriers de l’Avent les plus osés et les plus surprenants, ceux qui vont le plus loin dans la transgression des règles du genre, voici celui lancé par Europol pour aider à la capture des criminels européens. Chaque jour, jusqu’au 24 décembre, il publie le nom d’un fugitif, connu pour avoir commis des meurtres, des enlèvements ou des actes de terrorisme. Une initiative qui semble rompre avec « l’esprit de Noël » cher à Charles Dickens. Car traditionnellement, la fête préférée des enfants apparaît comme l’incarnation de l’amour, du partage, de l’harmonie et de l’innocence, associée à une réunion familiale à l’intérieur d’une Maison. Elle peut être considérée comme le modèle du « chronotope idyllique » décrit par Michaïl Bakhtine. Le sapin décoré, la table dressée, la lumière des bougies et la chaleur de la cheminée évoquent une ambiance à la fois festive et décontractée, une existence à l’abri des malheurs et des catastrophes, pauvre en événements mais riche en rites et en émotions. L’idylle, c’est le bonheur du foyer, simple et durable, c’est le triomphe de l’autochtone et du rituel qui proscrit l’étranger et l’imprévu, c’est un micromonde limité dans l’espace qui se suffit à lui-même. Un petit foyer lumineux au milieu d’un univers froid et hostile, un cocon, un havre de paix qui se révèle finalement aussi illusoire et éphémère qu’un conte de Noël.

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