Parmi les calendriers de l’Avent
les plus osés et les plus surprenants, ceux qui vont le plus loin dans la transgression
des règles du genre, voici celui lancé par Europol pour aider à la capture des criminels
européens. Chaque jour, jusqu’au 24 décembre, il publie le nom d’un fugitif,
connu pour avoir commis des meurtres, des enlèvements ou des actes de
terrorisme. Une initiative qui semble rompre avec « l’esprit de
Noël » cher à Charles Dickens. Car traditionnellement, la fête préférée
des enfants apparaît comme l’incarnation de l’amour, du partage, de l’harmonie
et de l’innocence, associée à une réunion familiale à l’intérieur d’une Maison.
Elle peut être considérée comme le modèle du « chronotope idyllique »
décrit par Michaïl Bakhtine. Le sapin décoré, la table dressée, la lumière des
bougies et la chaleur de la cheminée évoquent une ambiance à la fois festive et
décontractée, une existence à l’abri des malheurs et des catastrophes, pauvre
en événements mais riche en rites et en émotions. L’idylle, c’est le bonheur du
foyer, simple et durable, c’est le triomphe de l’autochtone et du rituel qui
proscrit l’étranger et l’imprévu, c’est un micromonde limité dans l’espace qui se
suffit à lui-même. Un petit foyer lumineux au milieu d’un univers froid et
hostile, un cocon, un havre de paix qui se révèle finalement aussi illusoire et
éphémère qu’un conte de Noël.
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