dimanche 5 juin 2016

Une récompense internationale pour Piotr Pavlenski


 
Piotr Pavlenski a reçu le prix Václav Havel pour la dissidence créative. Jugé à Moscou pour avoir mis le feu aux portes du siège historique du KGB, l’artiste de l’extrême, utilisant son corps comme matériau, s’était fait connaître pour d’autres performances spectaculaires souvent associées à l’automutilation. En 2012 avec l’action Suture, ce performer politique s’était cousu les lèvres avec du fil écarlate pour protester contre l’arrestation des Pussy Riot. En 2013, il s’enroule, nu, dans du fil barbelé, et s’allonge devant le Parlement de Saint-Pétersbourg pour dénoncer la politique répressive et homophobe du gouvernement russe. 

 

Le 23 février 2013, il met le feu à des pneus érigés en barricade sur un pont de Saint-Pétersbourg, en hommage au soulèvement de Maïdan, en Ukraine. En novembre 2013, lorsque la Russie célèbre « La journée de la police », il se déshabille encore et se cloue la peau des testicules sur les pavés de la place Rouge à Moscou pour protester contre le régime policier. En octobre 2014, il escalade, nu, un mur de l'enceinte de l’Institut psychiatrique Serbski tristement célèbre pour avoir accueilli des dissidents au régime soviétique. Il se coupe ensuite le lobe de l’oreille droite pour protester contre le recours à la psychiatrie à des fins politiques.

 

Pavlenski a été déclaré sain d’esprit par cet établissement, en janvier 2015, après y avoir été interné pendant 21 jours. Pour justifier sa méthode de travail, il évoque le souci de briser la peur et l’apathie de la société russe et le besoin d’imiter la violence du code visuel des actions du gouvernement.  Ce n’est donc pas par hasard qu’il a demandé d’être jugé pour « terrorisme », souhaitant faire de son procès une tribune. En raison de ce procès, il n’a pas pu recevoir son prix remis à son épouse le 25 mai à Oslo.

 

Le Prix Václav Havel pour la dissidence créative a été créé en 2012 par la Fondation des droits de l'homme basée à New York (HRF). Selon son président Thor Halvorssen, le prix récompense les individus « qui se livrent à la dissidence créative, en faisant preuve de courage et de créativité pour défier l'injustice et de vivre dans la vérité». Aung San Suu Kyi, Pussy Riot et la caricaturiste iranienne Atena Farghadani font partie des lauréats.

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