lundi 3 novembre 2014

Le bilan de Manifesta 10


Installation de l'artiste suisse Thomas Hirschorn


La biennale européenne d’art contemporain Manifesta vient de fermer ses portes à Saint-Pétersbourg. Fondée il y a vingt ans à Amsterdam et attachée depuis ses débuts à l’identité européenne, elle a pour particularité de changer de localisation à chaque édition. C’est pour la première fois que l’exposition itinérante faisait escale en Russie : une occasion de confronter la création la plus actuelle aux chefs-d’œuvre de l’Ermitage fêtant cette année ses 250 ans. Après les crispations politiques, les appels au boycott des uns et des autres et les lourdeurs administratives, la dixième édition de l’exposition a été un énorme succès. Le projet conçu par l’Allemand Kasper König avec la participation de près de 60 artistes a attiré plus d’un million de visiteurs.

 

Choisir l’une des plus conservatives parmi les métropoles de l’art comme lieu de manifestation était un pari osé. En réponse à certaines critiques dénonçant une profanation des locaux de l’Ermitage par l’intrusion d’un art « pervers » et « dégénéré », Kasper König a souligné que cette confrontation des styles pouvait contribuer à un dialogue sain autour des problèmes éthiques et esthétiques. Michaïl Piotrovski, le directeur général de l’Ermitage, a également évoqué la présence des sujets sensibles comme un point positif de la biennale. Ainsi l’artiste sud-africaine Marlène Dumas proposa un regard sur l’homosexualité (y compris dans ses relations avec le ballet classique) à travers une galerie de portraits de célébrités gays, de Tchaïkovski à Noureev. Cependant, pour les raisons légales liées à l’interdiction de la « propagande homosexuelle » en Russie, le thème de ces portraits n’a pas été annoncé clairement. Les clichés de Boris Mikhaïlov pris sur la place Maïdan et réunis sous le titre Le théâtre de la guerre renvoient à un autre sujet d’actualité, tout comme le tunnel d’Erik Van Lieshout avec le mot « riot » tracé sur une photo de chat. D’autres regards critiques ont été offerts par l’Ukrainienne Alvetina Kakhidze et la Russe Elena Kovylina.

 

Le programme parallèle a été également riche en découvertes. Parmi elles, l’installation Le processus de passage de l’artiste Ivan Plusch consacrée à l’effondrement du régime soviétique ou l’œuvre d’Aslan Gaïsoumov faisant appel aux livres et autres ready-mades pour raconter la guerre en Tchétchénie.

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