mercredi 24 septembre 2014

Création selon Vadim

Affiche du flm Et Dieu... créa la femme de Roger Vadim (1956)





Pour l’anniversaire de Brigitte Bardot, France 2 a diffusé Et Dieu… créa la femme de Roger Vadim. Sorti à Paris le 28 novembre 1956 et interdit aux moins de 16 ans, le film pouvait difficilement échapper au scandale. A commencer par ses affiches provocantes représentant la nouvelle Eve bientôt propulsée au rang de sex-symbol. Le film véhicule l’image d’une femme dotée d’une volonté émancipatrice, rejetant les conventions et partant à la recherche débridée du plaisir. Orpheline « dévergondée », Juliette n’a pas d’autre bien que son corps et sa beauté, mais elle est aussi affranchie du joug de l’autorité et peut se permettre les écarts de conduite impensables pour les filles de bonnes familles.

La liberté sexuelle de l’héroïne se déployant dans une région du sud aussi idyllique que conservatrice, les défenseurs des "bonnes mœurs" montent au créneau pour restaurer l’image de l’épouse et ménagère exemplaire des années cinquante. En France et en Grande-Bretagne, ils imposent la coupure de scènes de nu particulièrement choquantes. En embrasant le territoire américain, le film provoque de vrais actes de fanatisme. Les ligues de vertu manifestent et tentent de faire le faire interdire dans certains États. Dans d’autres, elles essaient d’acheter à l’avance tous les billets pour empêcher les fidèles de voir ces images associées à l’immoralité et au péché de chair. L’archevêque de Lake Placid va même jusqu’à promettre l’excommunication à tous les dépravés qui assisteraient à la projection. Le chef de la police de Dallas en défend la représentation dans les salles réservées aux Noirs, car cela risquerait de les exciter et de provoquer des désordres… Il y a aussi l’arrestation de deux directeurs de salles à Philadelphie au motif qu’ils ont projeté le film.


Mais toute cette agitation ne fait qu’attiser la curiosité du public pour celle que le puritanisme
américain qualifie de « créature de Satan ». En 1958, à l’Exposition universelle de Bruxelles, le pavillon du Vatican prend pour thème les sept péchés capitaux. Pour symboliser l’horreur du vice et de la luxure, les concepteurs choisissent d’exposer la photo de l’une des plus fameuses scènes du film de Vadim, où l’on voit BB danser un mambo endiablé.


A lire :
Emmanuel Pierrat, 100 images qui ont fait scandale, Editions Hoëbeke, Paris, 2013.


 










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